Impact carbone et pollution mail
#numérique responsable
Si je vous dis pollution numérique, à quoi pensez vous spontanément ? Nombre d’entre nous citeront spontanément l’email. Le mail représente l’usage le plus massif des usages du numérique.
Quel impact carbone à réellement un e-mail ? À l’échelle individuelle ? A l’échelle d’une entreprise ? Et quelles solutions peut-on mettre en place pour réduire la pollution numérique des mails ?
Promis, à la fin de cet article, vous aurez les clés (et l’envie) de vider votre boîte mail… et celles de vos collègues.
Cet article s’appuie sur des sources fiables et reconnues telles que :
Pollution mail, des chiffres vertigineux
Attention ⚠️ : les chiffres qui vont suivre peuvent donner le tournis. Accrochez-vous !
Les chiffres de l’email dans le monde :
- 3,9 milliards de personnes utilisent l’email en 2019 (1)
- 5,6 milliards de comptes email actifs en 2019 (1)
- 319 milliards d’emails envoyés chaque jour en 2021 (2)
Ce qu’il faut retenir, au delà même des chiffres, c’est la croissance continue de l’usage de l’email.
Trouver plus de statistiques sur Statista
Les chiffres de l’email en France 🇫🇷
- 42,2 millions de personnes utilisent l’email en 2019 (1)
- 68 millions de comptes email actifs en 2019 (1)
- 1,4 milliard d’emails envoyés chaque jour hors spam (1)
Le spam représente, selon les études, entre 55% et 95% du trafic total de l’email. Ces volumes conséquents sont masqués aux yeux des internautes puisque la majorité n’atteignent pas la messagerie, filtré par des logiciels anti-spam.
Impact Carbone du mail
Sur ce sujet, on voit passer tout et son contraire. Des chiffres éronnés, des comparatifs en équivalent km/voiture ou énergie d’une ampoule LED totalement farfelus….
Les équivalents, c’est utile : on comprend d’autant mieux les impacts carbone avec une mesure que l’on est capable de projeter. Autant faut-il partir des bons chiffres. Alors, on repart de la base (de données de l’ADEME) et on décortique cette fameuse empreinte carbone de l’email.
- 1 email : 4g eq CO2 (3)
- 1 email avec une pièce jointe : 35g eq CO2 (3)
- 1 SPAM : 0,3g eq CO2
Nous avons donc les valeurs de base pour un email. Effectivement, la pièce jointe alourdit l’email en Mo (méga-octet) et donc consomme plus de CO2.
Mais pourquoi l’email a t-il un impact carbone ?
Pour le comprendre il faut comprendre la technologie et les réseaux utilisés pour envoyer/revoir un email.
1 image valent mieux que 1000 mots, je vous propose cette illustration réalisée par l’ADEME.
Face cachée du numérique – ADEME – 2019
Ce qu’il faut comprendre avec ce schéma, c’est que l’envoi d’un email est finalement une duplication d’un message. L’email que vous envoyez est stocké sur les serveurs hébergeant votre boite mail tout autant qu’il est stocké sur la boîte email de(s) personne(s) ayant reçu l’email. L’impact carbone d’un email est décuplé par le nombre de destinataires : multiplier par 10 le nombre des destinataires d’un mail multiplie par 4 son impact (5). Et là, on comprend que mettre en copie la terre entière pour une boutade ou pour rouler des mécaniques n’est pas forcément bon pour la planète.
Un email, ça voyage : la distance moyenne parcourue (entre l’expéditeur et le destinataire) par une donnée numérique d’un email est de …… 15 000km (5) ! Rendez-vous compte, cela en fait des câbles et des réseaux à déployer.
Mais alors, pourquoi l’envoi d’un email émet du carbone ?
Bonne question. Car pour rédiger et envoyer un email, nous avons besoin d’un terminal (ordinateur, smartphone…) qui a lui même besoin d’énergie. Tout comme les data centers qui ont besoin d’énergie électrique pour faire fonctionner les serveurs et surtout pour faire fonctionner les climatiseurs. Cette énergie électrique doit être produite et émet nécessairement donc du carbone. D’où l’intérêt pour une organisation voire un pays d’avoir un mix énergétique bas carbone.
L’email en entreprise, une empreinte carbone conséquente
Passons aux choses sérieuses. En entreprise, les emails demeurent le principal outil de communication. Bien que nous n’ayons accès qu’à des chiffres datant de 2015 (les études éditées annuellement par Radicati coûtent 2500$), nous avons une base de travail suffisante pour estimer les impacts.
- 88 emails sont reçus chaque jour par un collaborateur (1)
- 34 emails sont envoyés chaque jour par un collaborateur (1)
A partir de ces données, on peut sortir les calculettes et faire des estimations à partir sur plusieurs tailles d’organisations.
Calcul de l’impact carbone de l’email sur 1 an
Pour l’exercice, nous considérons que 5% des emails envoyés et reçus contiennent une pièce jointe. Les données étant assez vieilles (2011), considérant que les chiffres doivent être plus importants aujourd’hui (je n’ai eu accès à aucune étude récente sur le sujet) un collaborateur reçoit donc 88 emails et envoie 34 emails par jour (les spams ne sont pas comptabilisés car indépendants du champs d’action individuel).
Par ailleurs, nous allons prendre une moyenne de 225 jours ouvrés de travail par collaborateur, ce qui est un score moyen sur les dernières années (Oui, j’ai bien enlevé les 5 semaines de congés :-)).
Voici la formule de calcul :
((88*95%)*4) + ((88*5%)*35) + ((34*95%)*4) + ((34*5%)*35) = 677,1 g par jour pour un collaborateur
Sur une année complète : 677,1 *225 = 152kg
Une PME de 10 salariés = 1,5 tonnes équivalent CO2
Une PME de 100 salariés= 15 tonnes équivalent CO2
Une ETI de 1 000 salariés= 152 tonnes équivalent CO2
Une grande entreprise de 10 000 salariés= 1 523 tonnes équivalent CO2
Bon, vous allez me dire, nous ne sommes pas plus avancés avec ces chiffres. Et vous n’avez pas tort. Comparons les émissions carbone donc avec des activités de production ou de consommation.
PME de 10 salariés | PME de 100 salariés | ETI de 1 000 salariés | Grande entreprise de 10 000 salariés | |
🚗 Voiture (en km) | 7 891 | 78 933 | 789 100 | 7 891 000 |
🚅 TGV (en km) | 880 347 | 8 805 780 | 88 057 800 | 880 578 000 |
✈️ Avion (en km) | 8 188 | 81 903 | 819 030 | 8 190 300 000 |
📱Smartphone (production et distribution) | 92 | 923 | 9 230 | 92 300 |
👖Jean en coton (production et distribution) | 66 | 657 | 6 570 | 65 700 |
🍔 Repas avec boeuf | 210 | 2 098 | 20 098 | 200 980 |
🍎 Repas végétarien | 2 986 | 29 871 | 298 710 | 2 987 100 |
Source : https://monconvertisseurco2.fr/ par DATAGIR, un service de l’ADEME
L’email en entreprise, une empreinte carbone conséquente
Passons aux choses sérieuses. En entreprise, les emails demeurent le principal outil de communication. Bien que nous n’ayons accès qu’à des chiffres datant de 2015 (les études éditées annuellement par Radicati coûtent 2500$), nous avons une base de travail suffisante pour estimer les impacts.
- 88 emails sont reçus chaque jour par un collaborateur (1)
- 34 emails sont envoyés chaque jour par un collaborateur (1)
A partir de ces données, on peut sortir les calculettes et faire des estimations à partir sur plusieurs tailles d’organisations.
Calcul de l’impact carbone de l’email sur 1 an
Pour l’exercice, nous considérons que 5% des emails envoyés et reçus contiennent une pièce jointe. Les données étant assez vieilles (2011), considérant que les chiffres doivent être plus importants aujourd’hui (je n’ai eu accès à aucune étude récente sur le sujet) un collaborateur reçoit donc 88 emails et envoie 34 emails par jour (les spams ne sont pas comptabilisés car indépendants du champs d’action individuel).
Par ailleurs, nous allons prendre une moyenne de 225 jours ouvrés de travail par collaborateur, ce qui est un score moyen sur les dernières années (Oui, j’ai bien enlevé les 5 semaines de congés :-)).
Voici la formule de calcul :
((88*95%)*4) + ((88*5%)*35) + ((34*95%)*4) + ((34*5%)*35) = 677,1 g par jour pour un collaborateur
Sur une année complète : 677,1 *225 = 152kg
Une PME de 10 salariés = 1,5 tonnes équivalent CO2
Une PME de 100 salariés= 15 tonnes équivalent CO2
Une ETI de 1 000 salariés= 152 tonnes équivalent CO2
Une grande entreprise de 10 000 salariés= 1 523 tonnes équivalent CO2
Bon, vous allez me dire, nous ne sommes pas plus avancés avec ces chiffres. Et vous n’avez pas tort. Comparons les émissions carbone donc avec des activités de production ou de consommation.
PME de 10 salariés | ETI de 1 000 salariés | |
🚗 Voiture (en km) | 7 891 | 789 100 |
🚅 TGV (en km) | 880 347 | 88 057 800 |
✈️ Avion (en km) | 8 188 | 819 030 |
📱Smartphone (production et distribution) | 92 | 9 230 |
👖Jean en coton (production et distribution) | 66 | 6 570 |
🍔 Repas avec boeuf | 210 | 20 098 |
🍎 Repas végétarien | 2 986 | 298 710 |
Source : https://monconvertisseurco2.fr/ par DATAGIR, un service de l’ADEME
CALCULATEUR DE L’EMPREINTE CARBONE DES EMAILS
Estimez la pollution mail de votre organisation avec ce calculateur qui vous donne des équivalents avec des trajets en voiture, avion ou train.
Comment réduire la pollution mail CO2 de votre messagerie ?
Bonne nouvelle ! Il y a des moyens pour réduire l’empreinte carbone de vos emails, que ce soit à titre individuel ou au niveau de votre organisation. Et une bone nouvelle n’arrivant jamais seule, on vous partage les outils pour améliorer le bilan carbone de vos emails.
#1 Allégez les emails
Vous l’avez vu précédemment : un email avec une pièce jointe génère beaucoup plus de CO2. Si vous devez envoyer un email avec une PJ qui pèse 10Mo, allégez le avant l’envoi. Pour ce faire, vous pouvez utiliser plusieurs services gratuits en ligne comme I Love PDF https://www.ilovepdf.com/fr ou Adobe https://www.adobe.com/fr/acrobat/online/compress-pdf.html. Ces services réduisent drastiquement le poids d’un fichier (10Mo > 2Mo souvent constaté) et stockent sur leurs serveurs le fichier seulement le temps de la compression.
Pensez au rapport d’activité que vous apprêtez à envoyer à 10 destinataires : réduisez son poids, la planète vous en remerciera 🌍 !
#2 Partagez différemment vos documents
Et si on arrêtait d’envoyer des pièces jointes ? Et oui, il faut penser qu’après avoir réceptionné la pièce jointe, elle reste dans vos emails. Et sur les serveurs. Et cela demande du stockage. Donc de l’énergie. Énergie qui émet du carbone. Rappelez-vous, un email avec un pièce jointe moyenne (5Mo) pèse 35g eq CO2, avec une PJ de 1M, c’est 19g (8).
Donc, au lieu d’envoyer une pièce jointe, passez par un outil de transfert éphémère de fichiers. Et le mieux que je puisse vous conseiller est d’utiliser FileVert.
FileVert, c’est comme WeTransfer, sauf que c’est français (Cocorico !) et hébergé en France. Pour illustration, stocker un fichier de 10Mo pendant 15 jours génère 0,21g de CO2. Le lien généré par Filevert peut être envoyé dans un email. Au lieu des 35g de l’email avec PJ, vous générez 4,21g. Pas mal niveau économies. Et FileVert permet de faire des envois de fichiers bien plus volumineux.
#3 Envoyez des emails nécessaires
On l’a tous fait. Envoyer un email avec un pauvre « Merci » ou un « 😀 ». Il y a aussi les joutes verbales sur les emails internes où tout le monde se répond pour faire la sienne. Bon, il est temps d’arrêter.
Certains emails pourraient être économisés, d’autres remplacés par un SMS. Un SMS produit 0,0014g de cO2 selon une étude (6), donc un email pollue 2857x plus qu’un SMS. CQFD.
#4 Supprimez vos emails
Comme un bon ménage de printemps dans votre garderobe, Il est temps de faire le tri dans vos emails. N’oubliez pas, les emails stockés sur votre boite email depuis 8 ans le sont aussi sur des serveurs dont certains sont parfois à plusieurs milliers de kilomètres. Donc l’email de Marie qui vous demande si « Ça va » datant de 2013 n’a pas trop d’intérêt à être sauvegardé.
Vous allez me dire: « j’ai trop d’emails, je ne veux pas supprimer certains qui pourraient être importants ». S’ils étaient importants, vous les auriez classé dans un dossier. Bon, je vous le concède, ce n’est pas toujours facile, surtout quand on n’a pas pris l’habitude de le faire. Je vais vous partager quelques méthodes pour vous simplifier la vie :
- Désabonnez vous des newsletters que vous ne lisez pas
- Supprimez les SPAMS dans vos indésirables (je viens d’en supprimer 125 sur ma boîte professionnelle)
- Supprimez tous les mails des expéditeurs que vous ne lisez jamais
Et quand la méthode manuelle ne suffit plus, on s’aide avec des outils. Cleanfox (mon préféré – gratuit) , ListWise (payant), MailStorm (payant) ou encore Clean Email (payant)
Pour illustration, j’utilise Cleanfox sur ma boîte Gmail personnelle que j’ai depuis le début des années 2010 et voilà le travail !
Vous avez bien lu. 54176 email supprimés. J’écris des articles sur la sobriété numérique de l’email mais je n’étais pas exempt de tout reproche. Mais ça, c’était avant de connaitre CleanFox. Vous n’imaginez pas combien d’emails vous avez reçu d’un seul destinataire depuis des années.
Pour votre information, cela m’a pris 15 minutes pour en arriver à ce chiffre. Depuis, je passe 3 à 4x par an sur Cleanfox pour nettoyer ma boîte email.
#5 Utilisez des alternatives
C’est sûrement la plus grande piste d’économies dans les entreprises et organisations. Et les économies d’empreinte carbone sont proportionnelles à la taille des organisations bien évidemment.
Plutôt que d’envoyer un e-mail, pour tous les e-mails internes et ceux réalisés avec vos contacts réguliers, privilégiez les plateformes collaboratives. Microsoft Teams, Slack, Discord et consorts ont l’avantage d’être de formidables outils collaboratifs. Mais aussi d’utiliser beaucoup moins d’énergie pour publier un message.
Quand un e-mail pèse 4g eq CO2, un message sur ces plateformes pèse en moyenne 0,052g eq CO2(7). Soit 76x moins !
Donc 1 e-mail = 76 messages sur Teams.
Il est temps de passer aux outils collaboratifs, notamment pour les communications internes et pour les projets avec vos clients et partenaires, et de ne réserver le mail que pour des communications externes et certaines informations jugées de haute priorité. Surtout que, durant les projets collaboratifs, vous partagez nombre de documents et ressources qui génèrent moins de carbone à être stocké sur une plateforme collaborative qu’à être envoyé par email.
Jamais sans mes sources :
(1) Les chiffres de l’email : https://www.arobase.org/actu/chiffres-email.htm
(2) Nombre d’email envoyés chaque jour dans le monde (2) : https://fr.statista.com/statistiques/583905/nombre-d-e-mails-par-jour-dans-le-monde–2019/
(3) Base GES ADEME : https://www.bilans-ges.ademe.fr/fr/basecarbone/donnees-consulter/liste-element/categorie/297
(4) ADEME GES TIC (p133). : https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/3526-technologies-numeriques-information-et-communication-tnic-guide-sectoriel-2012.html
(5) La face cachée du numérique – ADEME : https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/4098-face-cachee-du-numerique-9791029716904.html
(6) Quel est le plus écolo : un mail, un SMS ou un message sur une appli , https://youmatter.world/fr/ecologie-mail-sms-message-empreinte-carbone/
(7) Comparatif de sobriété numérique de 3 applications de communication instantanée pour entreprise
https://greenspector.com/fr/apps-communication-equipe/
(8) Analyse comparée des impacts environnementaux de la communication par voie électronique https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_resultats.pdf
Jamais sans mes sources :
(1) Les chiffres de l’email : https://www.arobase.org/actu/chiffres-email.htm
(2) Nombre d’email envoyés chaque jour dans le monde (2) : https://fr.statista.com/statistiques/583905/nombre-d-e-mails-par-jour-dans-le-monde–2019/
(3) Base GES ADEME : https://www.bilans-ges.ademe.fr/fr/basecarbone/donnees-consulter/liste-element/categorie/297
(4) ADEME GES TIC (p133). : https://librairie.ademe.fr/changement-climatique-et-energie/3526-technologies-numeriques-information-et-communication-tnic-guide-sectoriel-2012.html
(5) La face cachée du numérique – ADEME : https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/4098-face-cachee-du-numerique-9791029716904.html
(6) Quel est le plus écolo : un mail, un SMS ou un message sur une appli , https://youmatter.world/fr/ecologie-mail-sms-message-empreinte-carbone/
(7) Comparatif de sobriété numérique de 3 applications de communication instantanée pour entreprise
https://greenspector.com/fr/apps-communication-equipe/
(8) Analyse comparée des impacts environnementaux de la communication par voie électronique https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_resultats.pdf