Paul Anderson, patron visionnaire
Paul Anderson a demandé à ses collaborateurs de travailler avec ce brief : extraire de la Terre ce qu’elle pouvait renouveler rapidement et naturellement. Et Ray Anderson a déclaré aux médias quelques années plus tard que des gens comme lui iraient un jour en prison, précisant son propos en disant que piller la Terre revient à voler. Voler est un crime.
Interface a donc commencé à repenser la façon de produire des moquettes, fabrication gourmande en pétrole et en énergie. De la logique extraire-produire-consommer-jeter, Interface a commencé par requestionner l’amont : extraire. Selon ses propres mots, Ray Anderson dit “Dans la nouvelle révolution industrielle, ce qui est extrait doit être remplacé par ce qui est renouvelable”. Puis il a décliné sa réflexion sur les autres étapes : changer l’énergie fossile par l’énergie solaire, remplacer le gâchis par le zéro déchet. Dès 1995, l’objectif d’Interface fut de tendre vers un impact environnemental nul (impact carbone mais aussi impact sur la biodiversité)…. avec une échéance de fin : l’an 2020. Dès lors, Mission Zéro fut la boussole de l’entreprise.
Contribuer à la neutralité carbone
Sur son site, Interface affirme être neutre en carbone depuis 2003, grâce à un mécanisme de réduction et de compensation des émissions. Attention tout de même à la communication, la neutralité carbone ne s’applique pas à une entreprise, c’est une donnée mondiale car la neutralité carbone n’a d’intérêt qu’à l’échelle de la planète. Interface pourrait dire qu’elle contribue à la neutralité carbone de la planète.
Pour tendre vers la neutralité carbone, Interface a développé le programme Neutral Carbon Floors, audité par un organisme indépendant, et compense ses émissions (déjà bien réduites vis à vis des autres acteurs du marché) par des crédits de réductions d’émissions vérifiés.
Interface travaille sur l’ensemble du cycle de vie de ses produits et veille particulièrement à ré-employer ou recycler ses dalles de moquettes afin de maximiser la productivité des ressources. Ainsi, des dalles de moquettes usagées sont ré-employées pour d’autres besoins.
Réduire, réduire, réduire
Pour tenir ses engagements, Interface n’a cessé de chercher à réduire l’empreinte carbone de ses produits, du berceau à la porte de l’usine, c’est à dire de la phase d’extraction de la matière première jusqu’à la sortie de l’usine. Aussi, Interface a renoncé à utiliser du bitume dans ses sous-couches pour des matériaux recyclés et biosourcés sans pour autant renoncer aux performances et au confort.
Image site Interface
Interface utilise aussi des déchets plastiques issus dans Océans (ONG NextWave) et des filets de pêche (programme NetWorks). Selon l’entreprise, 50% des matériaux de leurs revêtements de sol sont recyclés ou biosourcés.
Le début de la régénération
Mission Zero, le pari de Ray Anderson, a été réalisée en 2019. Sûr que le patron historique, décédé en 2011, aurait apprécié. Dans sa quête de pouvoir régénérer la planète, interface s’est doté d’une nouvelle mission : Climate Take Back, avec une mission de créer un climat propice à la vie. Cette mission se décline en 4 axes :
- Vivre à zéro :développer une activité en s’efforçant de redonner à la planète tout ce qui lui a été retiré.
- Aimer le carbone : cesser de considérer le carbone comme un ennemi, et de commencer à l’utiliser comme une ressource.
- Mener une nouvelle révolution industrielle : transformer l’industrie en une force favorable à l’amélioration du climat.
- Laisser la nature se réguler : soutenir la capacité de la biosphère à réguler le climat.
Interface a lancé en 2021 une dalle de moquette à empreinte carbone négative, c’est à dire que les matériaux contenus dans la dalle absorbent plus de carbone qu’ils en émettent, de la phase d’extraction jusqu’à la sortie de l’usine.
Les enseignements de la trajectoire régénérative d’Interface
Interface est un modèle réellement inspirant qui a pris source sur l’électrochoc d’un dirigeant ayant aligné ses convictions environnementales et son engagement entrepreunarial. Nous pouvons en tirer des enseignements qui pourront servir à d’autres.
Poser une ambition, voire une utopie
Quand Ray Anderson, en 1995, annonce vouloir être neutre en carbone en 2020, certains le raillent. Se projeter à 25 ans, c’est peu commun dans l’industrie. En 1995, le sujet des émissions de CO2 n’était clairement pas au coeur des enjeux des entreprises.
Le déchet est une ressource
Interface a rapidement intégré le ré-emploi de ses matières et l’usage de matières recyclées afin de tendre vers Mission Zéro.
Innover avec la nature
Interface a progressivement cherché à respecter la nature (moins de prélèvements de ressources non renouvelables) puis à comprendre la nature en utilisant des matériaux biosourcés jusqu’à annoncer que le carbone est un allié afin de l’utiliser comme une ressource.
Sortir continuellement de sa zone de confort
Pour trouver continuellement de solutions afin de contribuer à la Mission Zéro, il faut nécessairement requestionner continuellement la fabrication des produits, les procédés. Les équipes d’Interface n’ont cessé de croire à cette productivité de ressources.
Ne pas négocier avec les objectifs climatiques
Interface a toujours été dans une démarche d’amélioration continue afin de réduire son empreinte environnementale. Sans céder à la qualité de ses produits, l’entreprise n’a jamais abandonné la quête de réduire ses émissions de CO2.
Interface a également formulé 9 leçons qu’ils partagent dans le rapport de synthèse des 25 ans d’expérience vers la neutralité carbone.
L’histoire d’Interface en 5 minutes